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Chalk River: des dirigeants se réunissent à la veille d'une importante décision

durée 16h30
7 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — À la veille d’une importante audience en Cour d’appel fédérale, la Première Nation Kebaowek a réuni des politiciens et des dirigeants autochtones mardi à Ottawa pour rappeler les risques du projet de site d'enfouissement de déchets nucléaires à Chalk River, près de la rivière des Outaouais.

La création d’un site d’enfouissement de déchets radioactifs dans un lieu qui se trouve à moins d’un kilomètre de la rivière des Outaouais, limite territoriale entre l’Ontario et le Québec, inquiète plusieurs dirigeants, dont le chef de la Première Nation de Kebaowek.

«Nous défendons le droit de millions de personnes à une eau potable sécuritaire», a fait valoir Lance Haymond, en conférence de presse mardi après-midi.

Mais au-delà des risques sanitaires et environnementaux du projet, la reconnaissance des droits autochtones et la relation de nation à nation sont au cœur du litige.

«Ce n’est pas seulement qu’une bataille juridique, c’est un test sur l’engagement du Canada envers la réconciliation, envers sa propre constitution et envers la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA)», a lancé le chef Haymond.

En février dernier, la Cour fédérale a reconnu que la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), qui réglemente l’utilisation de l’énergie et des matières nucléaires au Canada, n’avait pas suffisamment consulté la nation Kebaowek avant de choisir son futur site d’enfouissement.

Dans sa décision, la juge Julie Blackhawk avait ordonné à la CCSN et aux Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) de reprendre les consultations avec la Première Nation de Kebaowek.

«Il est demandé au personnel de l'industrie nucléaire canadienne et de la CCSN de poursuivre les consultations avec Kebaowek de manière à favoriser la réconciliation et à respecter les principes énoncés dans la DNUDPA», a écrit la juge Julie Blackhawk dans sa décision.

«Cette décision a été un tournant historique, car c'est la première fois qu'une cour de justice canadienne reconnaissait que le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause» devait être respecté, a indiqué Lance Haymond.

Toutefois, les Laboratoires Nucléaires Canadiens, le promoteur du projet, avait interjeté appel de la décision.

Dans une déclaration publiée en mars dernier, les LNC ont appelé de la décision pour «obtenir des éclaircissements» sur la façon de «naviguer dans le paysage juridique changeant» en ce qui concerne les droits des Premières Nations.

«Étant donné qu’il y a peu d’exemples de l’application de la DNUDPA au Canada et aucun dans le secteur nucléaire, il est important que les LNC comprennent clairement ce qui est nécessaire pour poursuivre notre travail et notre mission visant à régler de façon responsable les responsabilités nucléaires du Canada», ont fait valoir les LNC.

La déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, que le Canada a ratifiée en 2010, affirme les droits des peuples autochtones à l’autodétermination et à leur langue, leur culture et leurs terres traditionnelles. Elle précise également la nécessité d’un consentement «préalable, libre et éclairé» des peuples autochtones sur tout ce qui pourrait porter atteinte à leurs terres ou à leurs droits.

Des entreprises américaines

Au Canada, les installations nucléaires fédérales sont gérées par le consortium privé des Laboratoires nucléaires canadiens (LNC).

Ce consortium a obtenu l’autorisation, en janvier 2024, de créer un site d’enfouissement de déchets radioactifs près de la rivière des Outaouais.

Depuis juin 2025, les LCN sont gérés par trois entreprises américaines, BWXT Government Group, Amentum Environment & Energy et Battelle Memorial Institute et une seule entreprise canadienne, Kinectrics.

«Les dirigeants et actionnaires étrangers du consortium récoltent les bénéfices, tandis que les contribuables canadiens et les Nations autochtones assument les risques environnementaux et financiers», s'est indigné Justin Roy, conseiller et directeur du développement économique de la Première Nation de Kebaowek, lors de la conférence de presse.

Les territoires traditionnels des communautés anichinabées de Kebaowek et de Kitigan Zibi entourent la rivière des Outaouais, aussi bien au Québec qu’en Ontario.

«Le rôle de l'État est de prendre soin des citoyens» et de les protéger «contre des risques», mais ces «risques sont irresponsables et démesurés», a indiqué le chef du Bloc québécois en faisant référence à la rivière qui est la «source d'approvisionnement en eau potable de près de deux millions de personnes»

Yves-François Blanchet participait à la conférence de presse au côté de la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, et de Haroun Bouazzi, porte-parole de Québec Solidaire, qui s'opposent également au projet de site d'enfouissement de déchets nucléaires.

Les déchets proviendraient de plusieurs installations nucléaires du pays, surtout des provinces de l’Ouest, mais aussi du complexe scientifique des laboratoires nucléaires de Chalk River.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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