Hydro-Québec tente de protéger des informations lors d'un procès pour espionnage


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Par La Presse Canadienne, 2025
LONGUEUIL — Le procès d'un ancien employé d'Hydro-Québec accusé d'espionnage économique pour le compte de la Chine a été reporté lundi, la société d'État voulant empêcher que certains renseignements dans cette affaire soient discutés en audience publique.
Yuesheng Wang, 38 ans, a été mis en accusation en novembre 2022. Les autorités affirment qu'il est la première personne accusée d'espionnage économique en vertu de la Loi sur la protection de l'information du Canada.
Lors d'une brève audience à midi, une avocate de la société d'État a déclaré au juge Jean-Philippe Marcoux de la Cour du Québec que certains éléments de preuve révéleraient des secrets commerciaux concernant l'entreprise et ses clients, arguant que ces éléments devaient rester confidentiels.
Le juge a statué que le procès ne pouvait avoir lieu avant que la demande de la société d'électricité ne soit tranchée. Il a fixé une audience à mardi pour entendre les arguments d'Hydro-Québec.
M. Wang travaillait dans un centre spécialisé d'Hydro-Québec qui développait des technologies pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d'énergie. Il a clamé son innocence depuis le dépôt des accusations.
L'équipe de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) chargée de la sécurité nationale a ouvert une enquête en août 2022 après avoir reçu une plainte de la Direction de la sécurité d'Hydro-Québec.
Outre l'espionnage économique, M. Wang, un résident de Candiac, en Montérégie, a également été accusé en vertu du Code criminel d'utilisation frauduleuse d'un ordinateur, d'obtention frauduleuse d'un secret commercial et d'abus de confiance.
La GRC allègue que l'ancien employé d'Hydro-Québec a transmis des renseignements sur la société publique à une université et à des centres de recherche chinois, et qu'il a publié des articles scientifiques et déposé des brevets auprès de ces derniers plutôt qu'auprès de la société de services publics.
La police allègue également que M. Wang a utilisé des renseignements sans le consentement de son employeur, portant ainsi atteinte à la propriété intellectuelle d'Hydro-Québec.
En avril 2024, Yuesheng Wang a été accusé de deux chefs supplémentaires: avoir commis des actes préparatoires pour le compte d'une entité étrangère et avoir informé cette entité — la République populaire de Chine — de ses intentions.
À l'époque, l'avocat du Service des poursuites fédérales avait indiqué que les nouvelles accusations reposaient sur les mêmes faits et concernaient des promesses de partage de technologie que M. Wang aurait faites dans le cadre de demandes de participation au programme Mille Talents, un outil de recrutement utilisé par le gouvernement chinois pour inciter les scientifiques formés à l'étranger à revenir travailler en Chine.
Aucune de ces allégations n'a été vérifiée devant les tribunaux.
M. Wang est un ressortissant chinois recruté par Hydro-Québec en 2016, titulaire d'un visa de travail. Il a travaillé comme chercheur au Centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie, un centre spécialisé dans le développement de nouvelles technologies pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d'énergie.
Il a été congédié peu avant son arrestation en 2022.
M. Wang avait précédemment déclaré au tribunal que les informations privilégiées qu'il aurait transmises n'étaient pas secrètes et étaient de source ouverte.
Il a également mentionné au tribunal, lors d'une audience de mise en liberté sous caution, qu'il était important pour lui de rester au Canada afin de laver son nom et de défendre sa réputation.
Il a été libéré sous caution en 2022 après avoir accepté de remettre son passeport chinois, d'avoir un téléphone cellulaire sur lui en tout temps afin que la police puisse le géolocaliser par GPS et de donner ses deux propriétés canadiennes en garantie.
La majorité des témoignages devraient être en français et traduits en mandarin. M. Wang a pris des notes, assis à côté d'un interprète, lundi.
Le procès se déroule devant la cour de Longueuil au palais de justice et devait durer quatre semaines.
Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne