Pétition pour l'enterrement en linceul à l'Assemblée nationale


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Par La Presse Canadienne, 2025
QUÉBEC — Québec solidaire (QS) parraine une pétition pour le droit d'être enterré dans un linceul, une méthode jugée plus écologique, qui est privilégiée traditionnellement par les musulmans et les juifs.
La pétition a été lancée tout récemment et c'est le député Vincent Marissal qui en est l'intermédiaire.
Au Québec, il est interdit d’enterrer un cadavre dans un linceul.
En effet, le Règlement d’application de la Loi sur les activités funéraires prévoit que «pour toute inhumation, le cadavre doit être déposé dans un cercueil de manière à empêcher les écoulements et à permettre une manipulation sécuritaire du cadavre».
La pétition fait valoir que le linceul est une méthode plus économique et écologique.
On soutient qu’il n’y a ainsi pas d’émissions toxiques, de produits nocifs et que les sites qui autorisent le linceul permettent de préserver les habitats naturels et soutiennent la biodiversité.
En se décomposant, le corps retourne ses nutriments à l’écosystème, plaide-t-on.
On ajoute aussi l’absence d'émissions liées à la crémation, à la fabrication de cercueils et de caveaux, et celles associées au transport et à l'entretien des cimetières traditionnels.
Dans l’éventail des arguments que fait valoir le texte, il y a également la facture.
L'enterrement avec linceul est dans la «fourchette basse» des coûts des funérailles au Canada, qui sont estimés en général entre 5000 $ et 25 000 $.
Enfin, on soutient aussi que les citoyens du Québec devraient avoir le droit de choisir les pratiques funéraires conformes à leurs «valeurs et croyances», et que «traditionnellement, les Musulmans et les Juifs souhaitent être enterrés en linceul».
Le texte de la pétition indique qu'«aucune des 10 provinces canadiennes, sauf le Québec, n’interdit l’enterrement en linceul», mais la Corporation des thanatologues du Québec a indiqué que cette information était erronée.
La Presse Canadienne a demandé une entrevue avec le député Vincent Marissal, mais l'attachée de presse de l'aile parlementaire a indiqué que cela n'était pas possible.
La pétition avait récolté 204 signatures à ce jour. La date limite pour signer est le 15 décembre.
Appelée à réagir, la Corporation des thanatologues du Québec est demeurée prudente.
On rappelle que c'est Santé Québec qui encadre les pratiques et les normes actuelles pour des motifs de santé publique.
On note que certains États américains ont permis l'enterrement en linceul, mais que d'autres l'ont interdit.
Également, il existe actuellement un laboratoire de décomposition humaine à ciel ouvert à Bécancour, géré par l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), fait-on remarquer.
Enfin, la corporation a fait savoir qu'elle avait elle-même mis de l'avant un guide de meilleures pratiques écoresponsables dans le domaine funéraire.
Rappelons que le droit de pétitionner est un des droits fondamentaux depuis les origines du parlementarisme québécois sous le régime britannique.
Un ou une députée peut refuser de parrainer une pétition si elle ne correspond pas à ses valeurs ou opinions et peut alors recommander un autre collègue pour la parrainer.
Une fois que la période de signatures est conclue, le député qui parraine la pétition la dépose lors d’une séance de l’Assemblée nationale.
Le gouvernement est dans l’obligation d’y répondre, et en outre, la pétition est transmise à la commission parlementaire compétente dans le domaine pour qu’elle décide ou non de s’en saisir.
Patrice Bergeron, La Presse Canadienne