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Première mondiale au CHUM: un virus amélioré pour combattre le cancer

durée 12h42
6 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Des chercheurs du Centre hospitalier de l'Université de Montréal ont modifié un virus afin qu'il produise directement dans la tumeur, pour la toute première fois, une molécule qui incite le système immunitaire à attaquer et détruire la maladie.

La chercheuse Marie-Claude Bourgeois-Daigneault et son équipe ont ainsi modifié le virus responsable de la stomatite vésiculaire ― une maladie qui touche certains animaux de ferme ― pour qu'il produise directement dans la tumeur de l'interleukine-2 (IL-2), une protéine qui stimule la réponse immunitaire.

Le nouveau virus a pour le moment été testé chez des souris lors d'expériences en laboratoire.

«L'interleukine-2 a un très grand pouvoir à stimuler le système immunitaire, et surtout les cellules qui vont attaquer directement le cancer», a expliqué Mme Bourgeois-Daigneault, qui a discuté de ses travaux en primeur avec La Presse Canadienne.

«On a montré que quand on prend ce nouveau virus-là et qu'on l'utilise dans notre vaccin, on a une meilleure thérapie, les animaux vivent plus longtemps, et en plus, la réponse immunitaire qui est induite contre le cancer est de meilleure qualité.»

Les souris qui ont été vaccinées ont aussi semblé bien protégées d'éventuelles rechutes, a-t-elle ajouté.

Une fois transposé chez l'humain, on pourrait envisager que le cancer soit éradiqué, ou encore que la maladie évolue moins rapidement ou que la stimulation du système immunitaire empêche une rechute, a-t-elle dit.

«On n'utilise pas juste le virus comme un traitement direct, on en fait un vaccin, donc la réponse immunitaire est encore plus puissante que ce qui est vu dans d'autres études», a complété Mme Bourgeois-Daigneault.

L'avantage d'utiliser le virus de la stomatite vésiculaire, a-t-elle dit, tient au fait qu'il s'agit d'une maladie qui n'infecte pas les humains, et qu'il n'y a donc pas de risque que le patient ait été vacciné.

Et comme il s'agit d'un virus à ARN, il ne viendra pas s'intégrer aux gènes du patient, «ce qui pourrait causer toutes sortes de problèmes. C'est un virus qui est très sécuritaire», a-t-elle dit.

Une forme synthétisée de l'interleukine-2, une cytokine, est parfois administrée aux patients. Toutefois, la durée de vie de l'IL-2 dans l'organisme est plutôt courte et des perfusions fréquentes sont donc nécessaires pour maintenir des niveaux systémiques efficaces.

Les chercheurs montréalais expliquent que le virus qu'ils ont mis au point surmonterait cette limitation en permettant aux cellules infectées de produire localement la cytokine pendant la durée de l'infection.

De plus, étant donné que le virus cible préférentiellement les cellules cancéreuses, l'expression de l'IL-2 serait théoriquement concentrée dans la tumeur en utilisant cette approche, «permettant ainsi des niveaux élevés de cytokine dans le microenvironnement tumoral, tout en limitant son expression systémique et sa toxicité», écrivent-ils dans le Journal for ImmunoTherapy of Cancer.

«C'est très porteur d'espoir, a conclu Mme Bourgeois-Daigneault. C'est un virus qu'on trouve dans la nature, qu'on a modifié, et c'est un traitement qui s'auto-amplifie. Et pour les effets secondaires, on parle d'un rhume qui dure quelques jours, donc si on compare ça avec les effets secondaires d'autres traitements contre le cancer, c'est vraiment rien.»

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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