Entrevue vidéo
Dans l’atelier de Guy Jacques, artisan ébéniste à Saint-Georges
À Saint-Georges, EnBeauce.com est allé à la rencontre de Guy Jacques, 80 ans, artisan ébéniste, afin d'en savoir plus sur cette passion qui l'anime depuis de nombreuses années. L'artisan nous emmène découvrir les différents endroits de sa maison et de son atelier afin de découvrir l'envers du décor.
Il en a également profité pour confectionner, étape par étape, un manche de couteau à pizza à partir d’une pièce brute. À travers cette démonstration, l’artisan raconte un parcours marqué par la matière, les outils faits maison et une volonté constante de créer des objets utilitaires et décoratifs à partir d’essences d’ici.
« Je demeure à Saint-Georges depuis 80 ans. Né à Saint-Côme, j’ai commencé à modifier des pièces de bois dans le temps avec nos vieux, on appelait ça le gossage. Puis, il s’est produit un éveil », raconte Guy Jacques d’entrée de jeu. Avec les années, il dit avoir « manipulé, ramassé, modifié » le bois, avant de s’aménager « un petit coin », en bâtissant des petits outils lui-même pour commencer à fabriquer des petites pièces.
Des essences locales et des pièces uniques
Dans son inventaire, l’artisan met de l’avant une diversité de bois, souvent récoltés en Beauce ou obtenus par l’entremise de proches. « J’ai diverses bois. J’ai plein d’essence. C’est 99 % des essences de chez nous. J’ai quelques pièces de bois de l’Amérique du Sud, mais très peu », précise-t-il.
Il dit rechercher des morceaux au caractère particulier, comme l’érable atteint d’une maladie : « J'ai des érables qui étaient malades. On appelle ça l’érable coti. Donc c’est surtout des pièces de bois que j’aime vraiment me procurer, que je trouve dans la forêt ici ou chez des bons amis. »
L’objectif, pour lui, est de proposer des modèles qui se distinguent. « C’est avec ces essences que je réalise les pièces. J'aime avoir des modèles un peu différents des autres », explique-t-il, en montrant des moulins à sel, à poivre ou à café, ainsi que d’autres objets de cuisine. « Je me sers beaucoup de couleur de bois pour être capable d’agrémenter un petit peu », ajoute-t-il.
Dans son atelier, Guy Jacques fabrique plusieurs objets du quotidien, de la planche à pizza au mortier, en passant par des manches d’ustensiles. Il mentionne aussi réaliser de la restauration. « Je fais la restauration aussi de belles pièces d’œuvre. J'ai actuellement une chaise qui date environ de 140 ans », dit-il, en précisant que la propriétaire souhaitait la transmettre.».
Dans l’atelier, un manche de couteau à pizza « de zéro »
Durant notre rencontre, Guy Jacques a fabriqué un manche de couteau à pizza, en détaillant les étapes. Il explique d’abord partir d’une pièce de bois débitée dans une bûche. La première étape consiste à préparer l’emplacement de l’écrou qui permettra l’assemblage.
Après le trou, il procède au filetage, qu’il compare à celui du métal : « On procède à un filetage, de la même façon qu’on ferait un filetage dans une pièce de métal, excepté que c’est dans une pièce de bois. » Vient ensuite le tournage pour modeler la pièce comme il le souhaite.
Dans son atelier, l’ébéniste a aussi présenté des installations pour limiter la poussière et améliorer la qualité de l’air. « Je me sers d’un outil que je me suis fabriqué pour ramasser les poussières », explique-t-il, avant de montrer son système d’évacuation. Il mentionne également l’usage d’un purificateur d’air. « On se protège parce qu’on sait qu’il y a beaucoup de sortes de bois un peu cancérigène ».
La finition se fait ensuite par ponçage et application d’un produit. « Le produit donne un cachet, une brillance, et une solidité au bois ».
Après des décennies à transformer le bois, Guy Jacques dit voir du potentiel dans chaque morceau qu’il récupère. « Quand je vois une bûche de bois, je vois un projet. Il y a toujours quelqu’un qui va aimer », conclut-il.
Écoutez l'intégralité de notre reportage vidéo avec Guy Jacques, ci-dessus, pour en découvrir plus sur sa passion, ses créations mais aussi pour avoir un exemple concret de son travail.

