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Le chef François Legault sous pression

Année 2025 difficile pour la Coalition Avenir Québec

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21 décembre 2025
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Par La Presse Canadienne

Rien ne va plus pour François Legault: son parti, la Coalition avenir Québec (CAQ), termine l'année en troisième place dans les sondages, derrière le Parti québécois (PQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ), alors qu'il ne reste que neuf mois avant les élections générales.

M. Legault a également perdu cette année pas moins de six députés, dont cinq — incluant son ex-ministre de la Santé Christian Dubé — siègent à présent comme indépendants. Les noms de ses potentiels successeurs commencent à circuler.

Amassant en moyenne 21 % des appuis en janvier, la CAQ a chuté à 18 % en décembre, selon l'agrégateur Philippe J. Fournier. Le problème semblerait être François Legault lui-même: selon Pallas Data, 75 % des Québécois affirment maintenant avoir une opinion défavorable du chef caquiste. Des chiffres «désastreux», selon M. Fournier, qui souligne que l'insatisfaction est si grande à l'endroit de la CAQ que le parti pourrait être complètement exclu de l'Assemblée nationale si des élections avaient lieu aujourd'hui.

«Notre politique est tellement centrée sur l'image des chefs qu'on ne peut pas s'en sortir: un chef impopulaire ne peut pas tirer un parti vers le haut», signale l'analyste.

Le «Super King des déficits»

Les libéraux ont accolé au premier ministre ce surnom peu flatteur après l'annonce en mars d'un déficit record de 13,6 milliards $. Quelques jours plus tard, la firme de notation Standard & Poor’s abaissait la cote de crédit du Québec, une première en 30 ans. Scandalisés, les partis d'opposition ont accusé le gouvernement de mal gérer les finances publiques, soulignant le fait que la décision de S&P était tombée le jour de l'annonce d'un contrat de 46 millions $ à une firme d'ingénierie pour préparer le controversé projet de troisième lien routier Québec-Lévis. Du «gaspillage», ont-ils scandé, dénonçant du même coup l'échec du projet Northvolt ayant conduit à la perte de millions de dollars. Devant cette accumulation de mauvaises nouvelles, François Legault a décidé en septembre de proroger la session parlementaire, remanier son cabinet puis livrer un discours dans lequel il a promis de stimuler l'économie tout en imposant un «traitement choc» à la bureaucratie. Sa «vision économique» présentée lors d'une activité média au coût de 55 000 $ a été accueillie dans l'indifférence.

Le «fiasco» SAAQclic

Une autre tuile s'est abattue sur M. Legault en février, avec la sortie d'un rapport explosif de la vérificatrice générale Guylaine Leclerc concernant les déboires informatiques à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) qui devraient coûter aux contribuables plus d'un milliard $ d'ici 2027, a-t-elle dit. Son rapport soulevait aussi des questions sur qui savait quoi au gouvernement.

Dans la tourmente, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, a été démis de ses fonctions, mais M. Legault a quand même déclenché une vaste enquête publique, qui est présidée depuis mars par le juge Denis Gallant. Son rapport est attendu en février 2026. Or, dès juillet, avant même la sortie du rapport, le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, a été remercié. Deux mois plus tard, c'était au tour de l'ex-ministre des Transports, François Bonnardel, de se faire exclure du cabinet. Sa successeure aux Transports, Geneviève Guilbault, a été mutée aux Affaires municipales.

Négos houleuses avec les médecins, Dubé claque la porte

L'adoption par bâillon de la loi 2 a provoqué en octobre la colère des médecins, qui ont tenu une manifestation monstre au Centre Bell, plusieurs menaçant de quitter le Québec. Cette loi, qui changeait leur mode de rémunération, leur imposait des cibles de performance et les menaçait de sanctions, a également provoqué une crise à l'intérieur même du gouvernement de la CAQ: incapables de la supporter, le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, et la députée de Laporte, Isabelle Poulet, ont quitté le parti et siègent désormais comme indépendants.

Alors que le climat ne cessait de s'envenimer, le premier ministre Legault est intervenu personnellement dans les discussions. Après s'être comparé à «Rocky» et avoir promis de ne jamais reculer devant les «syndicats» de médecins, M. Legault a conclu tout juste avant Noël une entente avec les omnipraticiens dans laquelle le gouvernement abandonne non seulement des pans entiers de la loi 2, mais ajoute un demi-milliard dans leur enveloppe de rémunération. Humilié, l'auteur de la loi 2, Christian Dubé, a annoncé avec fracas qu'il démissionnait de son poste de ministre de la Santé et quittait la CAQ pour siéger lui aussi comme indépendant.

10 caquistes ont quitté depuis 2022

Le député caquiste devenu indépendant Youri Chassin doit se sentir un peu moins seul ces temps-ci; pas moins de cinq de ses anciens collègues sont venus le rejoindre sur la banquette des indépendants cette année. Il s'agit de Pierre Dufour, Maïté Blanchette Vézina, Lionel Carmant, Isabelle Poulet et Christian Dubé.

Alors que les départs de M. Carmant, Mme Poulet et M. Dubé sont en lien avec la loi 2, M. Dufour et Mme Blanchette Vézina se sont dits frustrés par le prétendu manque d'égard du gouvernement à l'endroit des régions. Mme Blanchette Vézina n'a pas exclu de se joindre au Parti conservateur d'Éric Duhaime.

Au total, depuis 2022, la CAQ a perdu 10 de ses députés, Joëlle Boutin, Pierre Fitzgibbon, Éric Lefebvre et Andrée Laforest ayant choisi de faire une croix sur la politique provinciale. Trois des sièges laissés vacants ont à ce jour été remportés lors d'élections partielles par des candidats péquistes, soit Pascal Paradis, Catherine Gentilcore et Alex Boissonneault.

Un successeur?

Tous ces bouleversements ont forcé plusieurs fois le premier ministre dans la dernière année à réitérer publiquement son souhait de se représenter aux élections de 2026. Or, cela n'a pas empêché la machine à rumeurs de s'emballer, les sondeurs ayant commencé à mesurer la popularité de différents candidats potentiels à la chefferie de la CAQ.

Selon la firme SOM, ce sont le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, et la ministre de l'Éducation, Sonia LeBel, qui récolteraient le plus d'appuis, suivis de Mme Guilbault et de M. Dubé. Les ministres de l'Économie et de l'Environnement, Christine Fréchette et Bernard Drainville, seraient également vus comme de potentiels successeurs à M. Legault.

Cependant, pour le moment, aucun candidat potentiel ne se démarque clairement ou ne mène de fronde pour chasser le père fondateur du parti. M. Legault continuera-t-il de s'accrocher en 2026?

Caroline Plante, La Presse Canadienne

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